PREAMBULE
Le jujitsu brésilien est un art martial dérivé du jujitsu japonais traditionnel qui se pratique principalement au sol, on l’appelle aussi : Ne Waza ou Gosen Judo. On définit la discipline comme « un jeu d’échecs humain ». L’art martial puise toute son essence dans la technique et la compréhension du corps pour dominer ainsi des combattants au gabarit plus important. Les frappes sont interdites et l’activité se pratique en kimono : le « Gi » ou en grappling (ou luta livre) : le « No Gi ».
L’HISTOIRE
En 1904, Mitsuyo Maeda, un talentueux disciple de Jigoro KANO, quitte le Japon, et parcourt le monde pour faire connaitre sa discipline.
Maeda est né à Hirosaki, le 18 novembre, 1878. Il a d’abord pratiqué le sumo à l’adolescence, mais il n’a pas continué dans cette voie. Il s’est intéressé ensuite au jiu-jutsu. Puis à l’âge de dix-huit ans, sa famille l’envoie à l’école de Senmon à Tokyo. Selon les registres officiels, il commence à s’entraîner au judo en 1897 au Kodokan. Maeda, devient rapidement l’un des espoirs les plus prometteurs entraînés par Jigorō Kanō. Les maîtres du Kodokan lui prévoient un grand avenir.
Maeda voyage à travers le monde pour faire connaitre son art. Il eut de grandes difficultés à gagner décemment sa vie. Il fut donc l’initiateur de nombreux défis lancés à divers boxeurs ou lutteurs. Il a remporté plus de 2 000 combats professionnels dans sa carrière.
Mais à cause de ces défis, il s’attira les foudres de Jigoro Kano car il allait à l’encontre des règles morales du Judo. C’est peut-être la raison pour laquelle, il se disait pratiquant de Jiu Jitsu plutôt que de Judo, car il avait une solide expérience en Jiu Jitsu classique avant de commencer le Judo. Il façonna alors sa propre méthode de combat adaptée aux deux grands groupes de combattants qu’il rencontrait en duel : les boxeurs et les lutteurs. C’était un innovateur intelligent et prudent qui ajouta certaines techniques et supprima celles qu’il jugeait inefficaces
C’est au cours d’un voyage en Europe que Maeda a adopté le nom de scène «Conde Koma ». Il existe de nombreuses théories expliquant son origine. Elle pourrait être une allusion à Komaru, qui signifie en japonais « troublé », une référence ironique à sa condition sans le sou. Maeda a déclaré dans un magazine européen : « Un citoyen espagnol influents, impressionné par mes victoires, ma posture et mon attitude, […] m’a donné ce titre qui se répandit bientôt partout au détriment de mon vrai nom ».
Entre 1914 et 1920, Maeda fait plusieurs voyages au Brésil, il était l’instigateur d’un programme politique pour y établir une colonie nippone. C’est dans ce contexte qu’il rencontra Gastao Gracie, un descendant de colon écossais qui œuvra en sa faveur en usant de son poids politique. En marque d’amitié, Maeda proposa d’enseigner son art à ses fils. C’est ainsi que Carlos Gracie devint un disciple de Maeda. D’après certaines sources les entraînements dureront 4 ans. Maeda avait transmis aux Gracie l’impulsion technique dont ils avaient besoin au départ. Mais surtout il a enseigné une philosophie particulière de l’approche du combat pour savoir se confronter à des lutteurs et boxeurs.
Maeda n’est pas seulement à l’origine du jiu jitsu brésilien, il a révolutionné le monde des arts martiaux moderne. Le 27 Novembre 1941, Maeda fut promu au 7ème dan. Il n’a jamais connu de cette dernière promotion, car il est mort à Belém le 28 Novembre, 1941.
Après plusieurs années d’apprentissage, Carlos Gracie crée une école de jiu-jitsu au Brésil et l’enseigne à ses frères sauf à Helio Gracie, considéré comme chétif de constitution, qui devait se contenter de les observer et d’écouter. A ses 16 ans, un élève se présenta à Hélio en l’absence de son frère Carlos. Il proposa donc de commencer le cours en se servant des techniques qu’il avait mémorisées. Helio s’engage ainsi dans le jiu-jitsu et modifie petit à petit chaque technique pour l’adapter à son physique (1m65 et 64kg), privilégiant la technique, le timing et l’effet de levier à la force brute.
LE DÉVELOPPEMENT DU JIU-JITSU BRÉSILIEN
La famille Gracie a fondé l’Académie Gracie à Rio de Janeiro dans les années 1920. Pour asseoir la supériorité du Jujitsu brésilien et le perfectionner, Helio Gracie va défier des combattants de style différent sans distinction de poids. Il remporte largement de nombreuses victoires. Ce fut Hélio Gracie qui a joué un rôle majeur dans l’évolution du jiu-jitsu brésilien tel que nous le connaissons aujourd’hui
Pour son premier combat, il affronte un boxeur professionnel en 1932 qu’il soumettra par étranglement en 30secondes. Il combat aussi contre Wladek Zbysko, ancien champion du monde de catch. Alors que le catcheur polonais est largement plus lourd, le combat se soldera par un match nul.
Sa notoriété s’étend jusqu’au Japon et après avoir battu plusieurs judokas de renom, Masahiko Kimura décide de venger ses pairs. Bien que Kimura fût largement victorieux, il n’en fut pas moins impressionné par Helio et lui proposa même d’enseigner son savoir à l’académie impériale du Japon.
Le combat le plus long de l’histoire des arts martiaux !
Valdemar Santana, tailleur de pierre dans les carrières de marbre du Brésil, est un homme de constitution imposante (1,85m pour plus de 95kg). Il avait moins de 26 ans lorsqu’il défiât son propre maître par l’intermédiaire de la presse. Compté parmi les meilleurs élèves d’Hélio, Valdemar Santana, va néanmoins remettre en question la suprématie familiale des Gracie et principalement celle de son ancien professeur.
Pourtant c’est un pur produit de la famille Gracie. Santana est élève de la « Gracie Academy » depuis près de 12 ans. Il a lui-même représenté le clan Gracie dans pas moins de 20 combats sans règles. Hélio, alors âgé de 49 ans, et en même temps atteint d’une très grave infection à l’oreille, ne renoncera pourtant pas à ce combat. L’insistance de quelques membres de sa famille Gracie comme de ses élèves afin qu’Hélio fasse d’abord affronter un de ses élèves ou un de ses neveux avec Santana comme Kimura l’avait fait avec lui-même grâce à Kato, n’y faisait rien ! Il fallait selon lui laver cet affront par un « vale tudo » en bonne et due forme.
Il aura donc fallu 3h45mn à Santana, pour venir à bout de Helio Gracie. Lorsque ce dernier revint à lui, la foule du stade, l’acclama comme un héros, soulignant du même coup tout le mérite de sa prestation. Ce combat, mis en présence d’huissier, fut du même coup homologué comme le combat sans règle le plus long de l’histoire des arts-martiaux. Il est encore de nos jours une référence en matière de résistance et d’endurance physique. Valdemar Santana reconnu plus tard ; qu’Hélio l’aurait largement battu, s’il l’avait défié du temps de ses plus grands combats. Hélio ressortie évidemment grandit d’un tel combat, et approximativement 1 mois plus tard, l’honneur de la famille fut « lavé » par le fils aîné de Carlos Gracie et Carlson, alors champion de la famille en titre, à son tour défia aussi Santana avec succès en 3 minutes et 30 secondes.
L’AVÈNEMENT DU JJB ET L’UFC
Pour promouvoir le jiu-jitsu brésilien, Rorion Gracie, fils d’Helio crée le célèbre Ultimate Fighting Championship (UFC). Avant de devenir la compétition réglementée qu’elle est aujourd’hui : le MMA. l’UFC a d’abord été pensé pour se rapprocher d’un combat réel, un tournoi tous styles confondus et sans distinction de poids dans le but de trouver le combattant ultime.
Royce Gracie, fils de Helio et représentant du Jiu-Jitsu brésilien fait office d’outsider lors de la 1ère édition, et défie tous les combattants pieds/poings et lutteurs. Il finit par remporter le tournoi, marquant ainsi l’avènement du jujitsu brésilien. Royce gagnera aussi la 2è et la 4è édition.
À l’époque, le jiujitsu brésilien était un art martial encore méconnu aux États-Unis, il va prendre son essor grâce aux victoires de Royce et le JJB ne cessera de se populariser.
En plus de démontrer la supériorité du jujitsu brésilien sur les autres arts martiaux, l’UFC et Royce Gracie ont permis de révolutionner la pratique des arts martiaux mixtes en introduisant le combat au sol. Aujourd’hui, tous les combattants de MMA pratiquent le JJB pour se perfectionner au sol.
Le jiu-jitsu brésilien a gagné en popularité grâce à son efficacité éprouvée en combat réel, et au fil des décennies, le jiu-jitsu brésilien est devenu une discipline internationale, avec des écoles et des compétitions se développant dans le monde entier. Il est désormais pratiqué à la fois comme un art martial et un sport de compétition, offrant aux pratiquants une méthode efficace de self-défense, de conditionnement physique et de développement personnel.
L’histoire du jiu-jitsu brésilien est étroitement liée à la famille Gracie Leur héritage perdure dans les écoles et les académies de jiu-jitsu brésilien du monde entier, où de nouveaux adeptes continuent d’apprendre et de perpétuer cette discipline remarquable.